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Columnista: Roberto
Islamogauchisme et facepalm américain
Je reconnais écrire peu en français pour TMN, en l’absence d’infos françaises qui soient dignes d’intérêt. La dernière en date était un hommage à la remarquable performance d’Omar Si dans « Lupin », sur Netflix :
L’héritier de « Lupin » s’appelle Assane
Et je préfèrerais n’avoir que des éloges à distribuer. Malheureusement, la France a peu de bonnes choses à nous offrir ces temps derniers.
La dernière nouvelle en date, j’espérais de pas avoir à en parler. Mais elle est tellement pathétique qu’elle a atteint la renommée internationale, grâce au Washington Post :
France and the spectral menace of ‘Islamo-leftism’
Rappelons les faits. La ministre française de l’Education Supérieure (excusez-moi du peu) a fait écho à une récente théorie de la conspiration.
La théorie tient en un seul mot, « islamogauchisme », et le nom de la ministre est Frédérique Vidal.

Voici deux exemples d’articles de réactions (pour le moins surprises) à ce non-sujet :
Islamogauchisme à l’université ? La proposition de Vidal fait bondir ces universitaires
« Islamogauchisme » : Vidal, Darmanin, jeu dangereux
Note : je précise que cette invention est française, d’où le présent article…
L’Histoire balbutie et la civilisation piétine
Les crânes d’œufs préfèrent « Perseverance »
De plus, la dame prétend demander au CNRS de …
« faire une enquête sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université ».
Elle ne semble plus être très au fait de ce qu’est le CNRS, fleuron de l’éducation supérieure française.
Dernièrement, cette respectable entité est plutôt intéressée par l’arrivée sur Mars du véhicule « Perseverance ».
La ministre de tutelle feint d’oublier que les crânes d’œufs préfèrent les faits aux idéologies creuses. Je lui souhaite donc bonne chance pour justifier sa demande.
Note : bonne chance à elle, parce qu’à Perseverance c’est plein de succès que je souhaite.
Mais nous savon fort bien qu’il s’agit d’autre chose, bassement politique.
D’ailleurs, il semblerait que le CNRS lui ait déjà répondu :
L’« islamogauchisme » n’est pas une réalité scientifique
De « Judéomaçonisme » à « Islamogauchisme »
La première fois que j’ai entendu le néologisme, je l’ai immédiatement associé à un autre que je connaissais depuis longtemps.
« Islamogauchiste » n’est rien d’autre qu’un recyclage de l’ignoble « Judéomarxisme ».
Cet autre terme, je l’avais entendu dans la bouche de jeunes élèves officiers, ouvertement fascistes, il y a environ 45 ans…
Ce terme était lui-même déjà un recyclage de « judéomaçonnisme » dans la période 1930-1940 :
Paris Soir, samedi 30 novembre 1940
vs Le Figaro vendredi 12 février 2021 pic.twitter.com/C6fFi74bI2— Vince (@Vincensiu2a) February 16, 2021
Et cet autre nous fait remonter à un passé encore plus ancien, l’affaire Dreyfus, “and so on…”
Autrement dit, l’Histoire balbutie et la civilisation refuse obstinément d’avancer.
Le cynisme des « anciens » termes était, déjà à leur époque, épouvantable. Il s’agissait d’une tactique propagandiste destiné à offrir au néonazisme européen un ennemi facile (sinon réel).
Notons que croire à un amalgame aussi incohérent témoigne surtout de l’étroitesse d’esprit de ceux qui l’utilisent.
Dans le « nouveau » terme postmoderne, seule la religion visée a changé, le reste est identique.
Derrière une idéologie à courte vue, toujours la peur
Qu’y a-t-il derrière ces miasmes récurrents. Je ne peux donner qu’un avis personnel.
Vivant depuis longtemps hors de l’hexagone (et bien dans ma peau), j’ai bien conscience d’être une anomalie… Ce qui me préoccupe très peu.
Les Français forment un peuple qui s’est replié sur lui-même, claquemuré dans un passé rêvé.
La validité de ce passé et de cette culture était déjà discutable (une culture artistique n’est pas tout…)
Et surtout, ce culte du passé commence à révéler la petitesse d’un monde dépassé par la mondialisation. La peur de l’étranger est toujours un symptôme de régression et d’échec.
Je trouve triste, mais pas surprenant, que les politiciens exploitent les peurs, faisant preuve de courte vue (comme d’hab).
Or, cet échec est autoinfligé. Il n’y a aucune raison pour que les Français soient moins capables que le reste du monde.
A moins que leur éducation ne leur ait enseigné à se sentir incapables (ou même à le devenir).
Est-ce le cas ? J’aurais une forte tendance à le croire.
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